La France et les migrants
Pour la première fois dans le monde, plus de 70 millions de personnes ont ét contraintes de fuir leur foyer au cours de ces dernières années. Elles ont tout quitté du jour au lendemain en raison des menaces qui pesaient sur leur sécurité et leur vie : la guerre, les violences et les persécutions… La fuite se fait souvent précipitamment, dans un contexte déjà difficile, sans possibilité de préparation. La France étant une terre d’accueil a donc reçu de nombreux migrants durant ces dernières années. Quel est finalement le rapport que développe la France avec la migration ?
Étranger, immigré : quelle différence ?
Étranger : un statut ; Émigré/immigré : un parcours
Est étrangère toute personne vivant dans un pays sans en avoir la nationalité. C’est un statut juridique. Est immigrée toute personne ayant sa résidence habituelle dans un pays où elle n’est pas née. C’est une situation de fait. La durée de séjour minimale est d’au moins un an. Entre trois et douze mois, on parle de migration temporaire.
En deçà, ce n’est qu’un voyage international. Contrairement à une idée tenace, la naturalisation ne fait pas disparaître les immigrés des statistiques : ils continuent de compter comme tels s’ils changent de nationalité.
Deux définitions de l’immigré : large et restreinte
La distinction entre pays de naissance et pays de résidence est un critère simple : elle ne requiert aucune donnée sur la nationalité et elle évite les doubles comptes (on naît dans un seul pays). Toutefois, dans une définition plus stricte, conçue aux États-Unis et diffusée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), on n’inclut pas parmi les immigrés les personnes nées à l’étranger qui avaient déjà la nationalité du pays d’accueil avant de migrer. Sont donc immigrées stricto sensu les personnes nées étrangères à l’étranger et vivant dans le pays d’accueil depuis un an au moins. Une définition adoptée en France en 1991 par la statistique publique et les organismes de recherche. Quant au mot immigrant, d’usage rare en français, il est synonyme d’immigré, mais s’emploie plutôt dans le contexte d’une migration en cours.
Combien d’immigrés en France ?
10,2 % de la population sans les immigrés nés Français, 12,7 % avec eux
En 2020, selon les estimations de l’Insee, 12,7 % des habitants de la France sont nés à l’étranger, y compris les Français de naissance. Sans ces derniers, les immigrés au sens strict du terme sont 6,8 millions pour 67,3 millions d’habitants, soit 10,2 % de la population. On peut relever ce taux à 11 % pour tenir compte des irréguliers installés en France depuis au moins un an.
Moins que dans la plupart des pays occidentaux
12,7 % de résidents nés à l’étranger, c’est moins que dans les grands pays industrialisés : Australie (30 %), Suisse (30 %), Canada (21 %), Suède (20 %), Autriche (19 %), Allemagne (16 %), États-Unis (15 %), Royaume-Uni (14 %), Espagne (15 %), Pays-Bas (13 %). C’est plus qu’en Italie (10 %), mais loin des deux extrêmes que sont les pays du Golfe (70 % !) et les « géants démographiques » : Chine, Inde, Brésil, Indonésie (moins de 1 %). Les écarts sont tels qu’il est impossible d’en déduire une proportion optimale d’immigrés : ce concept n’est pas scientifique, mais politique.
Les femmes désormais à parité avec les hommes
Les immigrés vivant en France comptent 51,5 % de femmes, contre seulement 44 % en 1975. Cette progression est due à trois facteurs : l’arrêt de l’immigration de travail en 1974, la poursuite du regroupement familial depuis, et l’autonomie croissante des femmes dans la décision de migrer.